« L’homme était pour lui une cire vierge qu’il fallait pétrir. Il fallait donner une âme à cette matière, lui créer une volonté. Il ne pensait pas les asservir par cette dureté mais les lancer hors d’eux-mêmes. »

A un moment où la navigation aérienne se faisait à vue, où les pilotes se guidaient d’après le relief et estimaient le danger d’une tempête d’après la forme et la couleur des nuages, ayant la possibilité, en cas de panne, d’atterrir dans un lieu qui, d’en haut, leur semblait convenable, l’Aéropostale, pour écourter le délai de livraison du courrier, inaugure les vols de nuit. Toute erreur devient mortelle, toute faiblesse catastrophique. Il ne s’agit pas uniquement d’améliorer les appareils et les instruments de bord mais d’aguerrir les hommes. Le courage est une façon de se dépasser, la discipline un combat avec le désordre du monde. Rivière, le responsable du réseau, est intransigeant avec ses hommes parce qu’il tient à leur vie, et Fabien, le pilote, affronte la mort non pour acheminer des plis mais parce qu’il fait de son devoir le sens de l’existence. La mort devient une victoire, même si celle-ci se paye avec les larmes et les souffrances de la vie ordinaire.

Antoine de Saint-Exupéry avait 30 ans quand il a écrit ce récit, qui lui a valu le prix Femina en 1931.

70 ans après la première édition de Vol de nuit, la collection Futuropolis des éditions Gallimard nous propose une nouvelle vision de ce best-seller vendu à 6 millions d’exemplaires. En plus du texte limpide d’Antoine de Saint-Exupéry, le récit est accompagné des illustrations de Bernard Puchulu. Comme dans le Petit Prince, ici aussi : texte et dessins ne font qu’un.