Artheline, des artistes au service du Petit Prince
Arnaud, artiste fondateur de l’atelier PAJ’Art à Bangkok, a réalisé de magnifiques sculptures des personnages du Petit Prince. Ces oeuvres d’art seront présentées au public en mai 2015, à l’occasion du festival culturel français organisé par l’ambassade et l’Institut Français de Singapour. Cette première édition sera placée sur le thème d’Antoine de Saint Exupéry. Cette exposition inédite des sculptures du petit prince sera l’un des événements importants en hommage à l’écrivain aviateur qui est très populaire en Asie.
Il a gentiment accepté de répondre à nos questions !
Comment en êtes-vous venu à la sculpture et à l’Art ?
J’ai tout d’abord été initié au modelage d’art par un ami de ma mère qui était artiste sculpteur non-voyant lorsque j’avais 13 ans. A 18 ans je me suis formé aux métiers de staffeur, mouleur et plasticien dans le but d’avoir la charge de réaliser la décoration en staff du premier grand temple bouddhiste de style himalayen en occident, il se trouve en Bourgogne près d’Autun. Dans ce temple, j’ai aidé de grands artistes bhoutanais à la réalisation de 3 grandes sculptures de Bouddha de plus de 5 m de haut. Pendant 20 ans j’ai travaillé sur des projets non-artistiques essentiellement en Asie et il y a bientôt 4 ans j’ai décidé de créer mon atelier en Thaïlande où je vivais depuis 8 ans avec ma femme, qui travaille avec moi aujourd’hui, et nos deux garçons.
Si notre travail au départ était de réaliser des œuvres pour des artistes qui souhaitaient faire des éditions de leurs sculptures peintes, aujourd’hui nous faisons en grande majorité des œuvres de notre création que nous signons Artheline. Combinaisons de nos deux prénoms Arnaud et Adeline, puisqu’il s’agit d’un travail collaboratif.
Connaissiez-vous déjà le Petit Prince avant ce partenariat avec La Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la Jeunesse ?
Oui j’avais lu le livre étant enfant et aussi d’autres livres d’Antoine de Saint Exupéry, comme Vol de Nuit, qui m’avait donné envie de devenir pilote d’avion.
Aussi, j’ai découvert avec enthousiasme ce projet innovant de la Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la Jeunesse visant à transcrire en relief les illustrations du livre Le Petit Prince, afin de les rendre accessibles, pour la première fois, aux personnes déficientes visuelles, en soutenant la réalisation d’une édition tactile inédite en 2D.
C’est pourquoi j’ai proposé d’apporter ma contribution à ce beau projet en réalisant une série de sculptures pour permettre aux non-voyants de découvrir l’univers du petit prince en 3D par le toucher.
Le livre m’avait laissé un souvenir assez flou des détails, mais un sentiment très positif. C’est un conte philosophique qui transmet des valeurs universelles dans un langage pour enfants et adultes à la fois. Par contre les dessins étaient restés clairs dans mon esprit. Quand je l’ai relu à presque 50 ans, pour faire le projet de la réalisation 3D des illustrations dessinées par Antoine de Saint-Exupéry, la force du message était d’autant plus forte compte tenu de mon parcours de vie.
Avez-vous aimé travailler sur ce projet avec la Fondation ?
Voilà 6 mois que je travaille avec toute mon équipe sur ce projet et il reste sans doute 6 à 8 mois de travail pour finir la collection que nous avons projeté de présenter à Singapour pour le mois de mai 2015.C’est pour moi un grand honneur de pouvoir être associé à ce projet solidaire de la Fondation Antoine de Saint-Exupéry et de permettre ainsi aux jeunes aveugles de partager grâce à mes œuvres la poésie, la magie et le rêve de ce conte universellement connu à égalité de tous.
Quel a été le plus difficile / le plus facile ?
Outre les contraintes techniques liées au passage d’un petit dessin colorié à la sculpture peinte en 3D, le plus difficile est sans doute de parvenir à faire naitre l’émotion du spectateur face à chaque personnage du livre, comme s’il rencontrait chacun d’eux, à l’instar du Petit Prince. Pour ce faire j’ai fait lire le livre en Thai à mes chefs de projet qui développent cette collection avec moi. Le plus facile est de travailler quand on a l’inspiration et la motivation, pour ça, le Petit Prince joue bien ce rôle. Ce travail me rappelle le temps où je construisais le temple, là aussi il faut suivre la ligne tracée sans être vraiment créatif comme les artistes occidentaux peuvent l’être. Toute la créativité réside dans la technique, subtilité de reproduction de la vibration des personnages et des environnements, dans la forme, les couleurs et de l’inspiration qu’elle transmet une fois achevée.
Comment le public accueille-t-il vos œuvres ?
Pour le moment, nous avons présenté 2 de la douzaine d’œuvres que constituera la collection complète. C’était en mars à l’Alliance Française de Bangkok, lors de la visite d’Olivier d’Agay, le petit neveu d’Antoine de Saint Exupéry, pour l’inauguration d’une exposition de la Fondation en hommage à l’écrivain-aviateur. La présentation de ces sculptures n’avait pas été annoncée car je ne pensais pas être prêt à temps, mais beaucoup de personnes sont venues les voir et m’ont exprimé leur joie de la rencontre avec le Petit Prince en taille réelle et de la couverture du livre en 3D.
Comment avez-vous rencontré la Fondation ?
C’est grâce à un ami commun que Nicolas Delsalle, le Secrétaire Général de la Fondation, est venu visiter l’atelier en automne 2013, alors qu’il préparait la série d’événements en hommage à Saint-Exupéry avec l’Ambassade de France en Thaïlande et l’Alliance Française de Bangkok.
Lors de sa visite, il a aimé les Sumos et les Hippos très colorés et brillants, que nous avions préparés pour une exposition à Singapour. Il lui a paru évident que les différents médiums que nous utilisions et la maitrise de la technique étaient adaptés à la réalisation 3D des dessins coloriés du livre. Ensuite, je pense que ma motivation de vouloir contribuer à la diffusion du message profond de ce livre et de participer au financement des projets éducatifs de la Fondation ont sans doute aidé au choix des membres du bureau de la Fondation. Un autre point qui a peut être aussi été déterminant, c’est le lien d’amitié que mon grand père, Djibrail Nazare-Aga, avait avec Antoine de Saint Exupéry. Mon grand père avait apprit à piloter à 17 ans pendant la Guerre de 14-18. Il était un des 2 seuls pilotes perses engagés volontaires dans la Légion Etrangère, l’autre était son cousin. Il volait principalement sur un biplace Breguet XIV et aussi avec un Sopwiths, et c’est après la guerre qu’ils ont été amenés à se rencontrer régulièrement et à voler ensemble. Il est certain que ce lien de mon grand père avec Antoine de St Exupéry a encouragé mon investissement dans ce projet et à être sélectionné par la Fondation pour la réalisation de cette collection.
L’idée aujourd’hui est de faire 2 éditions des sculptures, une avec toutes les couleurs et une autre toute blanche pour faire une exposition d’art sculptural pour tous les publics et, en particulier, les personnes non-voyantes. Il s’agira d’une grande première car ces illustrations du petit prince n’ont jamais été transcrites en relief pour les rendre accessibles aux aveugles. Les surfaces des sculptures sont recouvertes de nombreuses couches de laque et très polis comme une carrosserie de voiture de luxe, ce qui donne une sensualité au toucher que pourront expérimenter aussi les voyants…mais en ayant les yeux bandés, pour les découvrir autrement et les sensibiliser au handicap visuel
Je réalise ces œuvres dans le but de rendre l’ensemble de l’exposition itinérante. Elle pourra être commandée par des villes, institutions et entreprises du monde entier souhaitant rendre hommage à l’œuvre de son auteur, Antoine de Saint Exupéry.
Si vous souhaitez vous rendre dans l’atelier d’Arnaud pour admirer ces sculptures, direction l’atelier PAJ’Art (30 mn de Bangkok) !
Les visites sont autorisées sur rendez-vous.
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