The Little Prince : A New York Story

Saviez-vous que le Petit Prince a été écrit à New-York, lorsque Antoine de Saint-Exupéry s’ y reposait ?

Pour les 70 ans de cette œuvre emblématique, la Morgan Library & Museum de New-York lui rend hommage, dans une très belle exposition, du 24 janvier au 27 avril 2014.

The Little Prince, a New-York story présente les aquarelles originales, le manuscrit et ses multiples corrections, mais aussi la correspondance et les photos témoignant de la vie new-yorkaise de l’auteur.

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Les traces de la création

Si cela ne vous dérange pas, j’aimerais commencer cette histoire comme un conte de fée… « Il était une fois, un petit prince… »

Brouillon du Petit Prince

Les documents présentés au public, parfois pour la première fois, permettent de retracer le travail de création d’Antoine de Saint-Exupéry.

Le manuscrit, un épais feuillet de 140 pages, comprend de multiples versions de chaque chapitre, des mots barrés et réécrits, et même des taches de café et des brûlures de cigarette ! C’est un témoin des habitudes de travail de l’auteur, et de ses choix créatifs. Il avait l’habitude d’écrire tard le soir, et appelait ses amis à deux heures du matin pour lire des passages à voix haute. Après avoir écrit une première version, il a acheté un dictaphone (au prix extravagant de 683$), pour modifier oralement le texte, avant de le confier à un dactylographe, puis à l’éditeur.

Certaines phrases clés lui ont demandé plus de travail. « L’essentiel est invisible pour les yeux » est la formulation finale, après 15 essais !

Mais le contenu en lui-même a également beaucoup varié. Ainsi, à côté des passages familiers, les visiteurs pourront voir les brouillons mentionnant le potager du Petit Prince (radis, tomates, pommes de terres – mais pas de fruits ! les arbres fruitiers sont bien trop gros). Certaines aventures sur terre ont aussi été écartées par l’auteur. Dans les feuillets non retenus, le Petit Prince a pu rencontrer un marchand, qui lui a donné un livre « empli de slogans qui sont faciles à retenir », et un inventeur possédant une machine à satisfaire les moindres désirs – même donner une cigarette allumée et la placer entre les lèvres.

Ces brouillons donnent également à voir un aspect plus sombre des sentiments d’Antoine de Saint-Exupéry. Un épilogue de trois pages, jamais dévoilé avant cette exposition, laisse envisager la souffrance de l’auteur face à la guerre qui tourmentait le monde entier.  Sur une étoile quelqu’un a perdu un ami, sur une autre quelqu’un est malade, sur une dernière, quelqu’un est en guerre… Le Petit Prince voit tout cela. Pour lui, la nuit est sans espoir. Et pour moi aussi, son ami, la nuit est sans espoir.

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Une histoire New-Yorkaise

Cette exposition nous permet de prendre du recul et de voir le moment même de la création de l’œuvre, d’assister au travail d’Antoine de Saint-Exupéry à New-York. Nous le voyons lutter et se débattre avec l’énormité des événements qui impactent la France à cette époque, tandis qu’il essaye de se concentrer pour finir un conte, aussi magique aujourd’hui qu’il y a 70 ans.

William M. Griswold, Directeur du Morgan Library & Museum

 Le Petit Prince a été écrit à New-York. Antoine de Saint-Exupéry y était venu se réfugier en 1940, pour deux ans. Il a travaillé sur son manuscrit à différents endroits (Central Park Souh, Beekman Place, Long Island, Park Avenue)… Hébergé chez son amie Silvia Hamilton, il a utilisé son caniche comme modèle pour le mouton, et une poupée de chiffon pour dessiner le Petit Prince. Ces références américaines sont présentes dans les premières version de l’ouvrage, dans lesquelles il cite Manhattan, Long Island ou le Rockfeller Center. Même le papier du brouillon porte en filigrane : Fidelity Onion Skin. Made in U.S.A. !

Avant de repartir, Antoine de Saint-Exupéry est venu frapper à la porte de Silvia Hamilton, dans son uniforme de pilote mal ajusté, et lui a dit « J’aimerai te donner quelque chose de splendide. Mais c’est tout ce que j’ai« . Il a laissé un sac en papier sur la console de son entrée. Il contenait le manuscrit et les dessins originaux du Petit Prince. C’est d’elle que le musée tient ces documents.

Morgtan3Des dessins enfantins devenus phénomène éditorial

Je n’ai jamais dit aux adultes que je n’étais pas de leur monde. J’ai caché le fait que j’ai toujours 5 ou 6 ans dans mon cœur. Et donc je ne leur ai jamais montré mes dessins. Mais j’aime les montrer à mes amis. Ces dessins sont mes souvenirs.

Brouillon du Petit Prince

La collection entière de la Morgan Library, qui comprend 43 dessins originaux des premières versions de l’ouvrage, est entièrement accessible au public. La plupart viennent de la collection de Mark Reinhardt, le petit fils de Silvia Hamilton. Ils reprennent les scènes les plus connues : le coucher de soleil, le roi sur sa planète… Mais d’autres n’ont jamais été publiés : le pilote s’endormant sur sa carlingue dans le désert, le Petit Prince volant au dessus d’un paysage…

L’exposition s’achève sur les témoignages d’autres artistes, profondément touchés par le Petit Prince. Anne Morrow Lindbergh, elle même également auteur et pilote, a vu en cette œuvre « une tristesse personnelle, une tristesse éternelle, une faim éternelle, une recherche sans fin« . Un enseignant d’Illinois a voulu remercier Saint-Exupéry pour cette œuvre provocante, « en des temps ou nous avons besoin d’aide pour penser différemment, plus en profondeur« . Orson Welles lui même est resté éveillé toute une nuit pour lire le Petit Prince. Il a acheté les droits audiovisuels le lendemain, mais le film n’est jamais devenu réalité. Le scénario portant ses annotations est présenté au public.

 

L’exposition a lieu du 24 janvier au 27 avril 2014.

The Morgan Library & Museum

225 Madison Avenue, at 36th street, New York

Horaires :

mardi à jeudi : 10h30à 17h. Vendredi : 10h30 à 21h. Samedi : 10h à 18h. Dimanche : 11h à 18h.