Vous savez maintenant que le petit Prince est le livre préféré d’Hayao Miyazaki. Ce que vous ne savez peut-être pas encore, c’est que le réalisateur a prouvé son attachement à plusieurs reprises, en s’impliquant dans différents projets.
Il n’a pas connu l’auteur, mort quand il avait 3 ans. Son émotion devant ses dessins est celle d’une rencontre avec « un être d’exception », réunit « des instants miraculeux qui cristallisent, sous une forme visible, l’esprit même de leur auteur ».
Hayao Miyazaki dresse le portrait d’un « diamant ». « Une pierre brute que ni les modes, ni les turbulences de l’époque ne peuvent entamer, ne vieillit pas ».
Il compare l’aviateur au Petit Prince qui « a tenté de décoller de notre étoile, et après bien des échecs, bien des blessures, est enfin parvenu dans la Méditerranée, à réaliser ce désir.«
En bon créateur d’images animées, Hayao Miyazaki finit son texte en décrivant une scène qui semble prendre vie sous nos yeux. Antoine de Saint-Exupéry aux commandes de son Breguet 14 survole le canal du Midi en route vers Alicante. Nous le suivons dans un appareil dont les ailes sont en bois, toile et fil de fer. Il nous fait signe de sa carlingue. Son avion s’éloigne, se fait de plus en plus petit avant de disparaître.
« Amorçant notre descente vers ce bas monde, nous ressentons alors, plus nettement qu’avant, sa présence… ».
Pour demander au maître d’écrire cette préface, il a fallu aller le rencontrer chez lui. Devant sa petite maison, une Deux Chevaux. Le réalisateur accueille ses invités coiffé d’un béret. Ses manières réservées cachent une profonde affection pour l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry. Il a d’ailleurs déjà expliqué qu’il n’adapterait jamais l’œuvre du pilote-écrivain. Il n’y a rien de plus à ajouter au génie. Le réalisateur est secret. Il n’aime pas la presse, la promotion, les produits dérivés… Mais il accepte de préfacer cet ouvrage de dessins d’Antoine de Saint-Exupéry, parce que cet album permet de voir le diamant brut, sans fioritures.
Le vent se lève
L’aviation est un thème très présent dans ses films. Difficile de ne pas voir un lien avec Antoine de Saint-Exupéry. « Kaze Tachinu« , son onzième long métrage, applaudi à l’issue de sa projection à la Mostra, est déjà sorti cet été au Japon où il rencontre un très grand succès. Il est programmé début 2014 en France.
Il raconte la vie d’un ingénieur aéronautique qui a réellement existé, Jiro Horikoshi, concepteur de l’avion de chasse Mitsubishi « Zéro« , porte-étendard de l’armée de l’air japonaise durant la Deuxième Guerre mondiale.
Enfant, Jiro rêve de voler et de dessiner des avions inspirés de ceux du concepteur italien Italo Caproni. Ne pouvant devenir pilote en raison de sa myopie, il rejoint la division aéronautique d’une célèbre multinationale en 1927 et devient l’un des concepteurs d’avions les plus brillants du monde. Il tombe amoureux de Nahoko, une jeune femme dont il a croisé la destinée adolescent en lui sauvant la vie….
Son film, empreint d’une intense poésie et de références ou de clins d’œil à la culture européenne, entraîne le spectateur dans une métaphore sur la vie face à un avenir incertain: « Le vent se lève, il faut tenter de vivre« , répète d’ailleurs le héros en français, citant Paul Valéry.
Le Prince des étoiles
Le Petit Prince, en japonais : Oshino Ojisame (le Prince des Etoiles), a des liens très forts avec le Japon. C’est le pays où de nombreux chercheurs dont Mino Hiroshi, professeur universitaire qui nous est si proche, ont dédié tant d’ouvrages au Petit Prince et à son auteur, le pays où se trouve, à Hakone, un musée consacré à Saint-Exupéry et à son Petit Prince, un restaurant « le Petit Prince et une boutique dédiée.
Le nouveau Petit Prince
Et le Petit Prince a entendu l’affection d’Hayao Miyazaki. Dans quelques-une de ses multiples formes, on retrouve l’influence du maître japonais.
Cette influence est particulièrement visible dans la série des nouvelles aventures du Petit Prince.